LA FRANCE DANS LE MONDE

Publié le par lesieur

IIIè PARTIE/ LA FRANCE DEPUIS 1945

CHAP 4/ LA FRANCE DANS LE MONDE

Lire le livre p 348 à 375

Avant guerre, la France fait partie des grandes puissances. En 1945, les fondements de sa puissance sont remis en cause : sa puissance économique et militaire, son rayonnement moral, sa domination coloniale et son rang de puissance, avec l’affirmation des deux Grands. Comment les fondements de la puissance française ont-ils évolué ? (Plan chronologique)

I.Les évolutions de la puissance française sous la IVè République

A.La France s’assure in extremis une place parmi les vainqueurs

En 1945, elle n’est pas invitée aux conférences internationales, mais se voit attribuer (grâce aux Britanniques) une zone d’occupation en Allemagne et participe à la conférence de San Francisco ( avril-juin 45) où elle reçoit un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, qui est toujours une base de sa puissance aujourd’hui.

B.… ce qui n’empêche pas son effacement sur la scène internationale

En effet, les difficultés économiques et le début de la guerre froide en 1947 obligent les gouvernements à demander l’aide Marshall (20 % de l’aide est attribuée à la France entre 1948 et 1952) et à solliciter la protection militaire américaine, ce qui conduit la France à adhérer à l’OTAN en 1949. La France se retrouve sous tutelle américaine.

Cette tutelle se traduit par un effacement progressif de la France sur la scène internationale, dont l’illustration la plus flagrante est l’échec de l’expédition de SUEZ en 1956. Organisée par la France, le RU et Israël pour renverser le président égyptien Nasser, l’expédition, qui est succès militaire, est un échec politique. Les deux Grands obligent les Français et les Britanniques à évacuer leurs positions. La France n’a plus qu’une autonomie limitée dans les affaires internationales.

C.… d’où son refus de la décolonisation

Face aux revendications d’indépendance des colonisés, la France oppose sa volonté de maintenir son Empire colonial, qui reste l’un des derniers piliers de sa puissance mondiale. En Algérie, face à la révolte contre les Français à Sétif (1945), qui fait 130 morts français, la répression fait entre 6000 à 8000 morts.

Le statut des colonies est modifiée : en 1946, la nouvelle constitution remplace l’Empire français par l’Union française. Dans la réalité, les réformes sont très éloignées des espoirs suscités par le discours de de Gaulle à Brazzaville (1944). L’administration reste aux mains des autorités françaises, le statut des colonisés reste inférieur (double collège en Algérie), l’exploitation continue.

Ces réformes ne suffisent pas à empêcher la décolonisation, qui commence par l’indépendance de l’Indochine (accords de Genève, 1954), à l’issue d’une longue guerre (1946-1954) et d’une défaite humiliante (Dien Bien Phu), puis celle de la Tunisie et du Maroc (1956), après 10 ans de lutte/ partis nationalistes (néo-Destour en Tunisie, Istiqlal au Maroc).

Cet effacement de la France conduit les gouvernements français à soutenir la construction européenne, qui apparaît à ses fondateurs (Schuman, Monnet) comme le moyen de créer une 3è puissance entre les Etats-Unis et l’URSS.

II.La politique étrangère de la France sous de Gaulle (1958-1969)

Lorsqu’il arrive au pouvoir, en juin 1958, de Gaulle veut « rétablir la grandeur de la France », ce qui passe par la liquidation du « boulet » colonial et par une politique d’indépendance nationale. De Gaulle veut ainsi que la France s’affirme entre les deux Grands.

A.L’achèvement de la décolonisation

Dès 1958, l’Union française est remplacée par la Communauté française, qui donne aux colonies la possibilité de devenir autonomes et de demander leur indépendance. Préparée par la loi-cadre Defferre de 1956, les colonies d’Afrique noire acquièrent rapidement leur autonomie interne entre 1956 et 1958. Dès 1960, elles accèdent à l’indépendance complète. Toutefois, des liens très étroits sont maintenus avec les nouveaux Etats par le biais d’accords de coopération (militaire, culturelle, économique). La coopération et la politique d’aide sont les nouveaux fondements du maintien de la puissance française en Afrique, partenaire et client de la France.

En Algérie aussi, de Gaulle tente de négocier avec le FLN à partir de 1959 : il s’agit pour lui, de sortir le plus vite possible d’un conflit qui nuit au prestige international de la France. En mars 1962, les accords d’Evian permettent à l’Algérie de devenir indépendante. La France perd définitivement l’un des piliers de sa puissance, qui est renouvelé par la coopération.

 
   
B.L’indépendance nationale

Elle passe d’abord par la capacité de la France à assurer sa propre sécurité. De Gaulle poursuit les efforts menés par la IVè république dans le domaine nucléaire, ce qui permet à la France de se doter de la bombe A en 1960 (première explosion à Reggane dans le Sahara), puis de la bombe H en 1968 (Mururoa)

De plus, en 1966, la France se retire du commandement de l’OTAN et de Gaulle demande l’évacuation des bases américaines, installées sur le territoire français. La France assure donc elle-même sa défense et entre dans le club très fermée des puissances nucléaires. La force de frappe devient l’un des nouveaux piliers de la puissance française.

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Enfin, de Gaulle cherche à prendre ses distances par rapport à l’alliance américaine : il se montre volontiers critique de la politique américaine (au Vietnam). Il se rapproche de l’URSS, par la signature d’accords bilatéraux de coopération économique et technique. Il mène enfin une politique pro-Arabe, qui prend le contre-pied de la politique américaine, au contraire pro-israëlienne, en condamnant l’attaque israélienne lors de la guerre des Six-Jours en 1967.

C.L’Europe, comme levier de la puissance française

Hostile à l’Europe supranationale, de Gaulle n’est pas opposé à la construction européenne. L’Europe est pour lui un levier de la puissance française. Dans cette perspective, il fait du couple franco-allemand le moteur de la construction européenne. Le rapprochement franco-allemand se poursuit donc, avec la signature du traité d'amitié franco-allemand (traité de l’Elysée) en 1963.

III.La politique étrangère de la France depuis 1969

La politique d’indépendance, initiée par de Gaulle, a été poursuivie au moins en partie par les présidents qui lui ont succédé, qu’ils soient de droite ou de gauche.

A. La politique d’indépendance nationale

La France poursuit ses essais nucléaires, jusqu’en 1996 : la dissuasion nucléaire reste la base de la politique de défense nationale.

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La France, bien que toujours alliée des Etats-Unis, continue de se démarquer de ceux-ci. Giscard d’Estaing poursuit la politique de rapprochement avec l’URSS, jusqu’à l’invasion de l’Afghanistan en 1979. Mitterrand, en 1983 soutient certes les Etats-Unis dans la crise des euromissiles et se prononce pour l’installation de Pershing en RFA, mais il condamne en revanche l’IDS (Initiative de défense stratégique) de Reagan. Les présidents maintiennent également une politique pro-arabe : la France est ainsi classée parmi les « amis de l’OPEP » et défend les Palestiniens. En 1991, la France participe à la guerre du Golfe, dans le camp américain, et soutient l’intervention américaine en Afghanistan, mais en 2003, elle s’oppose à l’intervention des Etats-Unis en Irak.

B. La politique africaine de la France

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L’Afrique francophone reste le « pré carré » français, grâce à la coopération et aux bases militaires françaises en Afrique. La France intervient d’ailleurs militairement à de multiples reprises (Tchad, Zaïre) ... et se comporte comme un « gendarme » de l’Afrique.

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La politique africaine de la France est toutefois critiquée pour son néocolonialisme (nouveau mode de domination coloniale indirecte) et son soutien aux dictateurs. Les bases et les interventions militaires françaises ont souvent pour but de protéger les dictateurs menacés. La France est aujourd’hui considérée comme un des responsables du génocide rwandais en 1994.

La France tente depuis les années 90 de redéfinir sa politique africaine dans un sens plus démocratique. Elle cherche ainsi à légitimer sa présence en Afrique, avec des succès variés. En Côte d’Ivoire, l’opération Licorne –interposition entre les rebelles du Nord et le pouvoir en place au Sud- a été violemment rejetée par les deux camps. Les Ivoiriens rejettent ce qu’ils considèrent comme une ingérence dans leurs affaires intérieures.

C. La France est-elle encore une grande puissance ?

La France possède encore de nombreux attributs de la puissance.

Elle reste une puissance économique : elle a le 6è PIB mondial, est le 2è exportateur de services, la 4è puissance commerciale mondiale. Elle reste aussi l’un des pays les plus attractifs pour les IDE. Onze entreprises françaises sont classées parmi les 100 premières mondiales.

Elle est également une puissance politique : bien que réduite d’un point de vue conventionnelle, la puissance militaire française est liée à sa force de dissuasion nucléaire. Elle intervient régulièrement dans de nombreux pays, dans le cadre de résolutions votées par le Conseil de sécurité de l’ONU (opération Licorne en CI). Elle fait partie du G8 (Davos) et participe aussi de plus en plus aux forums sociaux mondiaux (Porto Alegre).

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La France conserve les attributs d’une puissance culturelle, grâce à la francophonie (communauté de langue française, qui représente 180 M de personnes = Québec, Wallonie, Suisse, Afrique occidentale, DOM-TOM), grâce à TV5 (3è chaîne internationale), plus récemment France 24 et RFI (radio), qui diffusent des programmes français dans le monde francophone (Afrique, Asie, Amérique), grâce à l’Alliance française (instituts installés à l’étranger qui ont pour mission de diffuser la langue et la culture françaises), aux instituts Pasteur. Le français reste enfin une des langues officielles de la diplomatie. La culture française conserve un rayonnement international : la France est le pays de la mode, du luxe (haute couture, parfum), de la grande cuisine et des grands vins. Elle continue à défendre son exception culturelle, en s’opposant à l’ouverture de l’UE aux produits culturels américains. Grâce à une politique active de soutien financier, le cinéma français est parvenu à se maintenir, ce qui n’est pas le cas des cinémas nationaux ailleurs en Europe. Les producteurs français (Canal+) financent de plus en plus de films européens ou des PED. Ce rayonnement culturel permet à la France de rester aussi le 1er pays touristique du monde.

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